Editorial
Chers amis, chers membres et
sympathisants de Carry Voile
Un nouveau compagnon a fait
irruption dans notre vie. Il est arrivé sans crier gare, sournoisement et sans
égards.
Il s’est même inscrit dans le programme de CARRY
VOILE, masqué et vêtu de grosses lettres rouges. Son nom, COVID 19, était déjà
sur toutes les lèvres avant même d’avoir un visage. Il s’est enfin montré au grand jour avec une
tête bien ronde parsemée de longues épines.
Après avoir vu sa photo sur sa
carte d’identité (lors de son inscription à Carry Voile) j’ai emprunté le
masque de DARK VADOR à mon fils pour sortir dans la rue. Depuis, il est devenu
le compagnon de mes jours et le cauchemar de mes nuits. Il est partout à la
maison, sur toutes les chaines de la télé, dans tous les posts des réseaux
sociaux. Je l’ai même imaginé dans les petits pois de mon déjeuner que je
n’avais pas manqué de nettoyer à l’eau savonneuse un par un (ce jour-là, notre
repas ressemblait à la pire disette de l’histoire : 4 petits pois dans
chaque assiette ! Santiago a failli s’étrangler!)
Confinement jour 18 :
Quand je vois ce qui se passe à l’extérieur de mon cocon devenu prison, je me
trouverai presque indécente de vous écrire un édito avec tant de légèreté. Je
me suis posé la question d’arrêter de frapper avec rage sur le clavier de mon
pauvre Mac qui se demande bien ce qui m’arrive depuis quelques jours. Arrêter
de le martyriser par respect à l’instant grave que nous traversons, revêtir le
silence comme marque de décence.
Et puis, après réflexion, je me
dis que le rire et l’humour ne sont pas manque de respect. Le rire, c’est notre
partage, notre petite parenthèse où Covid ne serait pas invité, notre bouclier
pour nous protéger tous unis derrière lui. L’humour ça ne recollera pas un cœur
déchiré, ça n’éloignera pas nos peurs justifiées, mais l’espace d’un moment,
nos rires seront cette fenêtre que nous ouvrirons dans nos univers de confinés.
Vivre dans quelques mètres
carrés, dans un espace de survie, cela fait partie du quotidien le temps d’une
semaine de croisière. Vaut mieux être bien organisés pour que la croisière ne
se transforme pas en cauchemar. En mer,
les moments de grande solitude, de découragement arrivent aussi fréquemment.
Vous qui êtes marin d’un jour ou
marin de toujours, lors de vos croisières, des anecdotes à nous confier sur le
confinement et la promiscuité de vos quelques mètres carrés, vous en avez
certainement beaucoup à nous raconter. Confinement et promiscuité sont deux
mots que les marins connaissent bien, à cette différence près que ces derniers
l’ont volontairement choisi.
Vous qui connaissez bien la mer,
vous qui l’avez côtoyée, qui avez connu le confinement du cockpit,
racontez-nous les anecdotes qui ont marqué vos croisières. Racontez-nous les
petites histoires qui n’ont pas manqué d’égayer vos traversées.
Envoyez-nous quelques mots
d’humour, partagez avec nous quelques souvenirs…
Nous les publierons pour le
plaisir de tous. Ce sera notre petite fenêtre ouverte, notre petite touche
d’humour ou de fantaisie pour oublier, le temps d’une lecture, les informations
négatives qui ne cessent de nous parvenir.
Envoyez nombreux votre anecdote à
carry.voile@sfr.fr.
Pour maintenir le lien qui unit
les copains à bord, CARRY VOILE a mis en place, depuis maintenant une semaine,
des animations regroupées autour d’une série de concours.
Vous ne vous êtes pas encore
bousculés au portillon, le confinement vous rend peut-être un peu léthargique
ou frileux. Ne laissez pas le marasme ou le découragement vous envahir, ils
sont de mauvaise compagnie. Inscrivez-vous sur le site (www.carryvoile.fr) et envoyez-nous vos
productions. Photographe amateur, peintre ou artiste dans l’âme, cordon bleu ou
passionné de cuisine, écrivain ou poète d’un soir, nous vous attendons.
Rejoignez en ligne les passionnés
de bridge, révisez les fondamentaux des échecs, et pour ceux qui ne sont pas
encore rôdés aux influences des vents sur la météo, faites le QCM que vous a
préparé Jean-Pierre, vous aurez par retour de mail votre score, et les
solutions seront téléchargeables 2 semaines après chaque QCM.
Bon, je sais, ce n’est pas
facile, je ne vous dirai pas ma note, elle n’a pas réussi à s’élever du niveau
0 des mers du sud. Mais comme je m’étais évadée dans l’hémisphère qui se trouve
sous nos têtes pour faire ce QCM, j’ai inversé l’ordre des vents, des
dépressions et des anticyclones. (JP, revois ma copie en la prenant à l’envers,
tu auras toutes les bonnes réponses cochées).
Mais Jean-Pierre m’a rassurée, je
ne suis pas la seule et cerise sur le gâteau, on peut refaire le QCM jusqu’à
obtenir la note suprême.
Alors foncez, nous vous
attendons.
Quelques membres nous ont envoyé
pour les uns, une photo, pour d’autres un très joli texte, ou encore une
recette de cuisine. Nous les remercions.
Nous publions ci-dessous les
diverses productions.
Il est important de maintenir le
lien social durant cette épreuve qui nous confine tous à la maison.
A très bientôt et prenez soin de
vous.
Sabine Quesada
Avr 27 2020
Écho Voile N°5/2020 : La traversée des navigateurs solitaires
Éditorial
Jour J + 41 du confinement : Les jours se suivent et se ressemblent à quelques détails près. Déjà 41 jours que nous avons quitté les côtes de la vie normale dans des conditions précipitées après rupture des amarres de la vie associative. Le temps de réaliser ce qui nous arrivait, de prendre les mesures d’urgence et procéder à l’avitaillement de nos embarcations statiques, il fallait coûte que coûte reprendre la barre. La situation était effectivement aussi inédite que brutale, façon 40eme rugissants au pays du mistral. Il s’agissait pour nous tous de garder le nord en ces circonstances où les évènements semblaient se liguer pour nous déboussoler.
41 jours passés dans une organisation quotidienne ayant essentiellement pour cadre les murs de nos logements respectifs devenus habitacles. Les habitudes sont prises. Le temps paraît s’étirer tant l’immobilité peut parfois devenir pesante avec un paysage qui ne change guère. Nous avons en quelque sorte établi notre vitesse de croisière et adapté le rythme de la vie à bord.
En quittant la salle de bains où je laisse subsister un bouchon de brume, je jette instinctivement un coup d’œil sur le baromètre pendu au mur de la coursive qui mène à mon salon. La situation est stable grâce à cet anti cyclône. On aimerait le voir revenir dans nos vies en lieu et place de cette tempête « Corona » qui a bien du mal à se dissiper même si les vagues de mauvaises nouvelles sont moins déferlantes.
J’ouvre le hublot de la chambre en façade sud de la cabine. Le vent semble avoir légèrement forci cette nuit, ciel toujours clair, de bonnes conditions de navigation en tous cas.
Un oiseau se pose sur le bastingage du balcon. En observant quelques instants cette tourterelle, je m’avise à penser aux goëlans qui annoncent pour les marins l’approche de la terre familière et accueillante. En effet aujourd’hui c’est samedi et la fameuse date du 11 mai se rapproche. Enfin presque encore 20 jours avant de franchir la ligne de cette drôle de traversée même si les incertitudes demeurent sur les conditions du débarquement. Au moins le rivage sera visible et les perspectives des copains à bord, provisoirement hors-bord, paraitront plus évidentes.
60 jours en tout donc qui, à l’allure d’un voilier, auraient pu nous conduire à doubler le cap de Bonne espérance. Un bien joli nom que celui de ce promontoire et surtout motivant
Alors ce n’est pas le moment d’affaler ni le moral ni les voiles mais plutôt celui de tirer des bordées de façon à se positionner sur les activités proposées. Branle bas de combat dans toute la maisonnée, mon crayon, mon pinceau mon stylo ma recette de gâteaux et mon appareil photo. L’info voile a besoin de la contribution de tout l’équipage pour le plus grand plaisir des lecteurs confinés qui finiront bien un jour par se retrouver pour évoquer les péripéties de leur croisière de navigateur solidaire à domicile.
Olivier Adam
By jean-pierre Montagnon • Historique Infos