Jour J + 41 du confinement : Les jours se suivent et se ressemblent à quelques détails près. Déjà 41 jours que nous avons quitté les côtes de la vie normale dans des conditions précipitées après rupture des amarres de la vie associative. Le temps de réaliser ce qui nous arrivait, de prendre les mesures d’urgence et procéder à l’avitaillement de nos embarcations statiques, il fallait coûte que coûte reprendre la barre. La situation était effectivement aussi inédite que brutale, façon 40eme rugissants au pays du mistral. Il s’agissait pour nous tous de garder le nord en ces circonstances où les évènements semblaient se liguer pour nous déboussoler.
41 jours passés dans une organisation quotidienne ayant essentiellement pour cadre les murs de nos logements respectifs devenus habitacles. Les habitudes sont prises. Le temps paraît s’étirer tant l’immobilité peut parfois devenir pesante avec un paysage qui ne change guère. Nous avons en quelque sorte établi notre vitesse de croisière et adapté le rythme de la vie à bord.
En quittant la salle de bains où je laisse subsister un bouchon de brume, je jette instinctivement un coup d’œil sur le baromètre pendu au mur de la coursive qui mène à mon salon. La situation est stable grâce à cet anti cyclône. On aimerait le voir revenir dans nos vies en lieu et place de cette tempête « Corona » qui a bien du mal à se dissiper même si les vagues de mauvaises nouvelles sont moins déferlantes.
J’ouvre le hublot de la chambre en façade sud de la cabine. Le vent semble avoir légèrement forci cette nuit, ciel toujours clair, de bonnes conditions de navigation en tous cas.
Un oiseau se pose sur le bastingage du balcon. En observant quelques instants cette tourterelle, je m’avise à penser aux goëlans qui annoncent pour les marins l’approche de la terre familière et accueillante. En effet aujourd’hui c’est samedi et la fameuse date du 11 mai se rapproche. Enfin presque encore 20 jours avant de franchir la ligne de cette drôle de traversée même si les incertitudes demeurent sur les conditions du débarquement. Au moins le rivage sera visible et les perspectives des copains à bord, provisoirement hors-bord, paraitront plus évidentes.
60 jours en tout donc qui, à l’allure d’un voilier, auraient pu nous conduire à doubler le cap de Bonne espérance. Un bien joli nom que celui de ce promontoire et surtout motivant
Alors ce n’est pas le moment d’affaler ni le moral ni les voiles mais plutôt celui de tirer des bordées de façon à se positionner sur les activités proposées. Branle bas de combat dans toute la maisonnée, mon crayon, mon pinceau mon stylo ma recette de gâteaux et mon appareil photo. L’info voile a besoin de la contribution de tout l’équipage pour le plus grand plaisir des lecteurs confinés qui finiront bien un jour par se retrouver pour évoquer les péripéties de leur croisière de navigateur solidaire à domicile.
Avr 27 2020
Écho Voile N°5/2020 : La traversée des navigateurs solitaires
Éditorial
Jour J + 41 du confinement : Les jours se suivent et se ressemblent à quelques détails près. Déjà 41 jours que nous avons quitté les côtes de la vie normale dans des conditions précipitées après rupture des amarres de la vie associative. Le temps de réaliser ce qui nous arrivait, de prendre les mesures d’urgence et procéder à l’avitaillement de nos embarcations statiques, il fallait coûte que coûte reprendre la barre. La situation était effectivement aussi inédite que brutale, façon 40eme rugissants au pays du mistral. Il s’agissait pour nous tous de garder le nord en ces circonstances où les évènements semblaient se liguer pour nous déboussoler.
41 jours passés dans une organisation quotidienne ayant essentiellement pour cadre les murs de nos logements respectifs devenus habitacles. Les habitudes sont prises. Le temps paraît s’étirer tant l’immobilité peut parfois devenir pesante avec un paysage qui ne change guère. Nous avons en quelque sorte établi notre vitesse de croisière et adapté le rythme de la vie à bord.
En quittant la salle de bains où je laisse subsister un bouchon de brume, je jette instinctivement un coup d’œil sur le baromètre pendu au mur de la coursive qui mène à mon salon. La situation est stable grâce à cet anti cyclône. On aimerait le voir revenir dans nos vies en lieu et place de cette tempête « Corona » qui a bien du mal à se dissiper même si les vagues de mauvaises nouvelles sont moins déferlantes.
J’ouvre le hublot de la chambre en façade sud de la cabine. Le vent semble avoir légèrement forci cette nuit, ciel toujours clair, de bonnes conditions de navigation en tous cas.
Un oiseau se pose sur le bastingage du balcon. En observant quelques instants cette tourterelle, je m’avise à penser aux goëlans qui annoncent pour les marins l’approche de la terre familière et accueillante. En effet aujourd’hui c’est samedi et la fameuse date du 11 mai se rapproche. Enfin presque encore 20 jours avant de franchir la ligne de cette drôle de traversée même si les incertitudes demeurent sur les conditions du débarquement. Au moins le rivage sera visible et les perspectives des copains à bord, provisoirement hors-bord, paraitront plus évidentes.
60 jours en tout donc qui, à l’allure d’un voilier, auraient pu nous conduire à doubler le cap de Bonne espérance. Un bien joli nom que celui de ce promontoire et surtout motivant
Alors ce n’est pas le moment d’affaler ni le moral ni les voiles mais plutôt celui de tirer des bordées de façon à se positionner sur les activités proposées. Branle bas de combat dans toute la maisonnée, mon crayon, mon pinceau mon stylo ma recette de gâteaux et mon appareil photo. L’info voile a besoin de la contribution de tout l’équipage pour le plus grand plaisir des lecteurs confinés qui finiront bien un jour par se retrouver pour évoquer les péripéties de leur croisière de navigateur solidaire à domicile.
Olivier Adam
By jean-pierre Montagnon • Historique Infos